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LA LUNE

UN DRAME SOUS UN PARAPLUIE

Dessins sans légendes, par CRAFTY.

LES

SCANDALES DE PARIS

(i)

Par DREIMANNER

iïc»«îns liai' V. — Gravures par THICHO^'

Quel titre ail'riolant ; les gourmets des petites histoires
d'alcôve et de tripotages d'affaires, rien qu'à sa seule lec-
ture ont dû se pourlécher les lèvres.

Nous avons lu la première livraison de ce livre étrange
et nous devons reconnaître que ce n'est pas une de ces œu-
vres éphémères écrites au courant de la plume, au titre
ail'riolant, à la prose épicée. Non! c'est une œuvre forte-
ment conçue, écrite avec conviction et talent.

Les Scandales de Paris, c'est le miroir de la société pari-
sienne actuelle; prise dans ses écarts, dans ses fautes,
dans ses crimes, comme aussi dans ses beaux côtés et ses
douloureux martyres !

Le lecteur voit défiler sous ses yeux tous les personnages
héros du scandale parisien : depuis le folliculaire qui cou-
vre de sa bave impure les feuilles d'un journal, jusqu'au
bretteur qui fait écrire ses articles et essaie de se faire
plus craindre par son adresse à l'escrime, que par sa prose
frelatée; le fils de famille qui se ruine pour se donner un
genre ; la femme mariée qui se prostitue pour briller ; la
jeune fille qui marche sur son cœur, pour épouser un vieil-
lard caduc; le commerçant qui, pour briller insolemment,
ruine ses créanciers! scandale ! scandale!.,.

11 y a dans ce livre des types impossibles, et pourtant

(l) 25 livraisons à 10 cent, sur beau papier et magnifiquement
illustrées, en vente chez tous les libraires. On peut également se
procurer cet ouvrage par séries de cinq livraisons brochées, à
tiO centimes.

ils existent, on les sent, on les voit, ils marchent, ils
vous coudoient chaque jour sur le boulevard. Oui, ce sont
bien là les héros du scandale !

Place à Rapinard, — quel nom de banquier, — il a
jeté son grappin sur la bourse du Paris-jocrisse ; malheu'
aux actionnaires bénévoles ; quel feu, chez ce Rapinard,
conseillé par ce vieux coquin, — le baron de Dixmier, —
dont nous vous offrons le portrait ; — Quelle habileté 1 quel
cynisme.

Avant un mois, Rapinard le banquier ; Rapinard le vo-
leur heureux, aura écrasé Rocambole de toute la hau-
teur de sa supériorité et de son intelligence ; il sera popu-
laire; il aura ses fanatiques.

F. Lix, un dessinateur de talent, qui depuis longtemps
a fait ses preuves, travaille depuis un mois à modeler
cette tête, que l'auteur a bien dépeinte dans ses lignes :

« Rapinard payait de sa personne, si l'on voulait le ju-
ger d'après sa toilette irréprochable. Parfaitement campé
sur ses hanches, il avait le regard un peu insolent, ce re-
gard vainqueur dont raffolent certaines femmes. Il portait
la tête droite et haute. Quand il souriait, il montrait une
double rangée de dents aussi blanches qu'une petite maî-
tresse, aussi vigoureuses que celle d'un requin. »

Dans un de nos prochains numéros, nous publierons le
type de Rapinard.

Mais en entendant, examinez le type de ce bon M. Dix-
mier, de cet ancien beau ; étudiez ce visage boursoufflé, ou
la bestialité domine, admirez ce reste de crânerie dans la
façon dont il pose son chapeau, C'est bien là l'image de
l'homme qui a vécu ; c'est bien là l'ancien beau doublé
du coquin ; l'homme repu, le vico assoupi.

Un livre comme les Scandales ne s'analyse pas, on le
lit. Mais nous prévenons les petites maîtresses qu'il est
horrible dans son début, le premier chapitre intitulé :
Arrivé d'un mouchoir ensanglanté au parquet et d'un cadavre
à la Morgue, donne le frisson; le hideux, l'horrible se cou-
doient. Edgard Poë, de lugubre mémoire, n'aurait rien
imaginé de plus fort, de plus dramatique.

Le baron Dixmier

Le Directeur-Gérant : F. POLO.

Paris. — Imp. G. Towne, rue d'Aboukir, 9.